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Migraine ophtalmique : symptômes et traitements
Vous souffrez parfois de maux de tête intenses, localisés d’un seul côté, précédés ou associés notamment de troubles visuels transitoires, et survenant par crises ? Seul un diagnostic médical permettra de confirmer qu’il s’agit d’une migraine ophthalmique. Une pathologie chronique fréquente, bénigne, mais qui peut parfois affecter significativement la qualité de vie. Son traitement repose à la fois sur des médicaments, des méthodes alternatives et l’éviction des facteurs déclenchants.
Au sommaire
Une migraine ophtalmique, c’est quoi ?
Une migraine ophtalmique, c’est quoi ?
La migraine est une maladie chronique. Ses crises récurrentes – d’une durée de 4 à 72 heures en l’absence de traitement se traduisent par des maux de tête (céphalées) souvent intenses et ressentis unilatéralement (du côté droit ou gauche) au niveau d’une tempe ou au dessus d’un œil. La douleur perçue est pulsatile, comme des battements de cœur, et peut encore être aggravée par les efforts physiques ou la toux. Les céphalées peuvent aussi être accompagnées de signes digestifs (nausées/vomissements), sensoriels (intolérance au bruit, à la lumière, aux odeurs) et/ou de symptômes neurologiques annonciateurs variés appelés “auras”.
C’est ainsi le cas dans la migraine ophtalmique dont les symptômes visuels sont le signe distinctif. Cette migraine avec aura typique visuelle dans ce cas précis est en effet précédée de troubles visuels prémonitoires spécifiques qui se développent habituellement de façon graduelle et sont ensuite, en général, suivis d’une céphalée (mais ils peuvent aussi débuter après ou se poursuivre pendant) et de signes associés de la migraine.
La migraine ophtalmique touche généralement les deux yeux. Elle ne doit pas être confondue ni avec l’asthénopie, de simples maux de tête liés à la fatigue visuelle, ni avec la migraine rétinienne, une forme rare de migraine qui, elle, affecte un seul œil.
La migraine ophtalmique touche davantage les femmes, les personnes jeunes (de moins de 40 ans) et celles ayant un parent proche souffrant de migraine. La fréquence de ses crises tend à diminuer avec l’âge.
Causes et facteurs déclenchants
Les causes exactes de la migraine ophtalmique sont méconnues. Toujours est-il que son origine n’est pas oculaire mais cérébrale. Selon des études, des changements dans l’activité électrique du cerveau (hyperexcitabilité électrique des neurones) pourraient être impliqués. Une dépression corticale envahissante (DPE) ou onde de dépolarisation serait en cause dans la migraine avec aura. Comme si le courant baissait très lentement et progressivement de la nuque jusqu’au front. Plus de 90% des migraineux avec aura ont surtout des troubles visuels car l’onde s’arrête dans la nuque.
La migraine ophtalmique résulterait ainsi d’un phénomène neurovasculaire, lui-même lié à une prédisposition génétique, et infléchi par des facteurs environnementaux. Des facteurs déclenchants les crises migraineuses et qui diffèrent selon les personnes qui en souffrent, sachant que la plupart d’entre eux une caractéristique de variabilité ont en commun (excès /dette de sommeil, repas gras/jeûne par exemple).
Parmi ces “déclencheurs”, on retrouve ainsi le plus souvent :
des changements de rythme de vie (stress, contrariété, relaxation soudaine/début de week-end en particulier)
la consommation de certains aliments ou excitants (chocolat, charcuterie, alcool, café, tabac…)
certaines stimulations sensorielles (lumières clignotantes par exemple)
des fluctuations hormonales chez les femmes
des conditions météorologiques spécifiques (températures extrêmes, variations de la pression atmosphérique).
Attention par ailleurs à la surconsommation d’antalgiques et/ou d’antimigraineux qui peut créer un cercle vicieux entretenant les symptômes.
Quels symptômes ?
Les troubles visuels sont les symptômes caractéristiques de la migraine ophtalmique. Ceux qui en sont atteints peuvent ainsi discerner des points/flashs lumineux, des taches aveugles/colorées, des éclairs/lignes en zigzags, avoir une perception déformée des objets, une vision floue ou perdre une partie de leur champ de vision. Des troubles certes gênants mais, rappelons-le, tous transitoires. Ces symptômes durent en moyenne 20 à 30 minutes (et jusqu’à une heure).
Hormis ces troubles visuels spécifiques, des symptômes sensitifs aux extrémités et/ou des troubles de la parole peuvent également être ressentis. De même que d’autres symptômes courants de la crise migraineuse, soit, entre autres, des douleurs lancinantes du côté droit ou gauche de la tête, qui suivent toujours les battements du cœur, des nausées/vomissements, vertiges et une sensibilité accrue à la lumière et au bruit.
Les complications éventuelles
Concernant spécifiquement la migraine avec aura, notamment visuelle, il est admis que celle-ci augmente le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) et d’infarctus du myocarde, en particulier chez les femmes jeunes, même si ce risque est faible… sachant que ce dernier est accru en cas de tabagisme ou de contraception œstroprogestative. Si vous êtes une femme migraineuse, informez-en votre gynécologue afin d’adapter la contraception.
Autres complications possibles :
- l’état de mal migraineux (crise migraineuse qui dure plus de 72 heures), complication au cours de laquelle les symptômes de la migraine, y compris le trouble visuel, durent plusieurs jours
- la dépression et l’anxiété, comme c’est le cas pour la plupart des différents types de migraine, lorsque la qualité de vie est fortement impactée.
Le diagnostic
Le diagnostic est essentiellement clinique. Il repose sur un interrogatoire du patient portant sur ses antécédents médicaux et familiaux, et symptômes, ainsi que sur un examen médical.
Précisément, le diagnostic de la migraine ophtalmique1 repose sur au moins deux crises qui :
présentent au moins un trouble visuel totalement réversible
présentent au moins trois des six caractéristiques suivantes
au moins un trouble visuel se développe progressivement sur au moins cinq minutes
au moins deux troubles visuels se succèdent
chaque trouble dure entre 5 et 60 minutes
au moins un trouble est unilatéral
au moins un trouble est positif (zigzag brillant, vibrant, tache lumineuse, points brillants blancs ou colorés par exemple)
les céphalées accompagnent le symptôme ou lui succèdent dans les 60 minutes suivantes.
En cas de doute diagnostic, votre médecin traitant peut vous demander d’effectuer une IRM ou un scanner cérébral. Certaines pathologies (glaucome aigu, tumeurs cérébrales ou AVC) peuvent en effet présenter des symptômes similaires à la migraine ophtalmique.
Les traitements
À ce jour, il n’existe pas de traitement curatif de la migraine. La stratégie thérapeutique repose sur un traitement des crises, associé chez certains migraineux à un traitement de fond à prendre quotidiennement, et éventuellement à des approches non médicamenteuses.
Traitements médicamenteux
Le traitement de la crise a pour objectif de soulager rapidement la crise migraineuse et doit être mis en œuvre le plus précocement possible (dans l’heure qui suit l’apparition de la crise). Il varie par ailleurs en fonction de l’intensité de la crise migraineuse.
Les traitements médicamenteux de la crise comprennent :
des traitements non spécifiques comme les antalgiques (paracétamol, aspirine seul ou en association avec le métoclopramide) et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS : ibuprofène, kétoprofène, …)
des traitements spécifiques tels les triptans qui ont largement prouvé leur efficacité depuis plus d’une trentaine d’années pour soulager le mal de tête migraineux. Au nombre de sept, ces derniers sont disponibles sous différentes formes : comprimés/comprimés fondus, sprays nasaux et seringues préremplies (Almotriptan, Elétriptan, Frovatriptan, Naratriptan, Rizatriptan, Sumatriptan, Zolmitriptan).
Pour une migraine avec aura visuelle, votre médecin vous demandera de prendre un anti-inflammatoire au début du ressenti de vos troubles visuels et un triptan à l’apparition de la céphalée, même si vos troubles sont encore présents.
D’autres médicaments spécifiques font encore partie de l’arsenal thérapeutique de la crise migraineuse. C’est le cas des dérivés de l’ergot de seigle, de moins en moins utilisés et plutôt réservés en cas d’échec des autres traitements (AINS et/ou triptans) compte tenu de leurs effets indésirables fréquents ou plus rares mais potentiellement graves. Ou bien encore d’une nouvelle génération de médicaments, notamment la famille des “gépants” (rimegépant, ubrogépant, lasmiditan). Des médicaments récemment mis sur le marché qui devraient plutôt vous être prescrits si vous n’êtes pas soulagé par les triptans ou les antidouleurs ou parce que vous ne pouvez pas y recourir du fait d’une contre-indication (cardiovasculaire par exemple).
Après trois crises, votre médecin évaluera l’efficacité et la tolérance du traitement de crise qu’il vous a prescrit.
S’il le juge opportun, celui-ci pourra également vous proposer en prévention un traitement de fond.Il vous préconisera d’en débuter en particulier si :
vous utilisez un traitement de crise plus de huit jours/mois depuis plus de trois mois
vous souffrez d’une migraine caractérisée comme “sévère”
vous souffrez d’une migraine chronique (selon les critères du ICHD-3)
vous avez des crises invalidantes en dépit de l’optimisation du traitement de crise.
Un traitement de fond qui devrait vous permettre de constater une réduction sensible du nombre de jours de migraine mensuels (de 50% en cas de migraine épisodique et 30% en cas de migraine chronique) mais aussi de réduire votre consommation de traitements de crise (car leur surconsommation entraîne un risque de céphalées par abus de médicaments), l’intensité et la durée des crises et d’améliorer votre qualité de vie. Ce qui suppose cependant que vous soyez bien observant/compliant vis-à-vis de ce traitement préventif.
Ce traitement de fond sera lui aussi évalué par votre médecin après trois mois de prise régulière.
En parallèle, votre médecin traitant recherchera les facteurs de risque modifiables de chronicisation de la maladie, en particulier la fréquence initiale des crises de migraine, la présence d’une dépression et la surconsommation de traitements de crise.
Thérapeutiques non-médicamenteuses
En substituts ou compléments des traitements médicamenteux, des thérapies alternatives existent pour soulager la crise migraineuse quelle qu’elle soit. Ces techniques peuvent être possiblement envisagées selon les patients et les différents types de migraines.
- La pratique d’une activité physique régulière a ainsi un effet protecteur.
La relaxation, le biofeedback (rétroaction biologique)2 et les thérapies cognitives et comportementales peuvent s’avérer utiles si vous êtes un migraineux anxieux et/ou dépressif afin de gérer votre stress et vos émotions
L’acupuncture a démontré une certaine efficacité dans les études scientifiques. Elle peut être proposé comme complément ou alternative notamment en cas d’inefficacité des traitements médicamenteux.
D’autres techniques telles l’auriculothérapie, l’hypnose ou les manipulations cervicales sont parfois utilisées dans le traitement de la migraine. Cependant, elles n’ont pas fait preuve de leur efficacité, elles ne doivent donc pas être recommandées en pratique courante.
En prévention : éviter les “déclencheurs”
Reste qu’à défaut de guérir, il convient de prévenir ! La prévention des crises de migraine ophtalmique repose ainsi sur l’identification et l’éviction des facteurs déclenchants de la crise migraineuse. Cela passe essentiellement par une amélioration de l’hygiène de vie. Soyez ainsi en particulier attentif à votre sommeil (régularité dans les heures de lever et coucher et temps suffisant), à votre alimentation (elle doit être équilibrée et régulière, réduite pour les aliments identifiés comme déclencheurs) et votre hydratation, et privilégiez une activité physique endurante régulière (marche rapide, vélo, course à raison de 2h30 à par semaine). Si vous êtes fumeur, l’arrêt du tabac ne pourra qu’être bénéfique à votre santé !
1 Selon les critères de l’International Classification of Headache Disorders, 3e édition (ICHD-3)
2 Technique corps-esprit utilisée pour contrôler certaines fonctions du corps. Pendant une séance, vous êtes connecté à des électrodes afin de rassembler des informations sur votre corps.